L’UMP dans le déni-ni

Les résultats du premier tour des législatives dans le Doubs avaient été fortement attendus, tant l’on imaginait, à juste titre, un second tour avec le parti d’extrême-droite poujadiste Front National. (il paraît que l’actuelle présidente n’aime pas que l’on décrive son parti de ce qu’il est, profitons-en pour nous éclater !) Comme plus ou moins attendu, l’UMP s’est fait balayer d’un revers de la main (droite, pendant qu’elle se dressait dans le ciel, comme à l’habitude du parti bleu sombre cité plus haut) et le second tour prévu en cette fin de semaine se déroulera, donc, entre le PS et le FN.

 

Mais c'est où, le Doubs ? (c) Wikipedia Commons

Mais c’est où, le Doubs ? (c) Wikipedia Commons

 

Comme d’habitude, l’on en attendait beaucoup de l’UMP – ou pas, tant nous sommes habitués aux bassesses et perfidies de leurs dirigeants, mais sachons être optimistes et espérons une possibilité de changement chez ces derniers – dont nous aurions pu imaginer un changement de stratégie. Il fallait être vraiment naïf après la dure ligne Buisson… (le même qui prit flamme chez Moïse, comme quoi les arbustes semblent avoir un tropisme pour toute flammèche – no metaphor intended) Comme de bien entendu, donc, le bureau national de l’UMP décida de poursuivre sur la ligne « ni FN, ni PS », pensant montrer ainsi une liberté qu’ils sont nombreux à scander, et bien peu à espérer. Notre cher et mésestimé ancien Président avait choisi le ni « ni-ni » ni Front Républicain. (je récupère l’excellente formule de Libé) En clair, pour lui, il fallait lutter contre le FN tout en laissant les électeurs s’exprimer. Ce qui semble être une évidence dans notre système démocratique – les électeurs sont libres de leur vote – et n’engage à rien. Peut-être influencé par notre Président actuel, l’Ancien avait choisi la voie du consensus mou, verbeux et, finalement, vide de tout sens. Sa posture fut désavouée et le texte prônant l’abstention ou le vote blanc a été préféré. Voilà pour un petit rappel des faits.

 

S’il n’est pas vraiment surprenant de constater la politique du « ni-ni », courante dès le RPR, déjà, dans les années 1990, il ne peut être que déplorable de constater qu’un parti se disant républicain se livre à une telle annonce. Dans un cas comme celui-ci, à savoir, s’exprimer sur la position de son parti dans le cadre d’un vote opposant un parti républicain à un second, extrémiste, qui ne l’est pas – comme démontré brillamment à de nombreuses reprises – seuls deux choix sont acceptables : donner une consigne de vote pour l’un ou l’autre (enfin, pour l’un, à moins que l’on ne se délecte de la montée d’un parti profondément raciste) ou se taire.

Pourquoi donc, me demanderez-vous, fols que vous êtes?

Donner une consigne de vote est un signe clair de la part d’un parti, d’une personnalité politique, d’un groupe associatif – que sais-je encore ? – et donc permet d’identifier les possibles évolutions idéologiques (ou non) de cette entité. Dans un cas comme celui-ci, un parti ne peut pas ne pas choisir, ne pas annoncer la couleur avant de poser ses cartes, par égard envers ses électeurs/trices et sympathisant-e-s. Il s’agit donc de l’action la plus noble que puisse tenir un parti.

Si, comme Nicolas S. le suggérait, l’on veut « laisser les électeurs s’exprimer » et donc éviter de les influencer, l’on ne se prononce pas, ou alors à titre purement personnel. Cela reste ainsi cohérent avec la posture que l’on tient, toute discutable qu’elle puisse être. Il s’agit donc, dans ce cas précis, d’un souci de cohérence plus que de courage politique. Il n’en est pas moins discutable pour l’évidente raison que faire de la politique, c’est choisir. (N’en déplaise à François H.)

En définitive, deux choix, oui, mais un seul valable. Et là encore, seul soutenir un parti républicain est un choix acceptable – à moins évidemment de vouloir en finir rapidement avec ce modèle que nous chérissons, chacun ses pulsions.

 

(c) Gallica

(c) Gallica

 

L’UMP, en choisissant de ne se positionner si pour le FN (ce qui aurait été une faute, le cas échéant) ni pour le PS, et en exhortant ses meutes à voter blanc ou s’abstenir commet une erreur impardonnable. L’appel à l’abstention est un geste violemment anti-civique, en ce sens que la Souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exprime en votant. C’est cette participation qui fonde et légitime la démocratie représentative. Pousser, encourager, inviter, inciter, conseiller, recommander, prêcher l’abstention revient à demander à tout citoyen de refuser d’user de son pouvoir de sélection, de choix, et ainsi de laisser autrui prendre les manettes et, de fait, le pouvoir. Profondément anti-civique, et anti-républicain.

De manière similaire, appeler à voter blanc est l’une des plus grandes énormités qu’il nous soit donné de voir. On peut en référer au point abordé plus haut traitant du devoir de choisir. L’on pourra toujours rétorquer que le vote blanc peut être contestataire, il n’en demeurera jamais que la triste case « ne sais pas » de tout questionnaire vite expédié. En parlant de responsabiliser les citoyens, l’on n’a rien vu de plus grand-guignolesque et absurde que de prôner, justement, le refus de choisir. Ridicule.

 

S’il est inutile de rappeler à quel point les forces de Gauche, incessamment, appellent à faire barrage aux partis anti-républicains – dont le FN (cf liens placés plus haut dans cet article) – quitte à voter pour l’UMP (eh oui) comme ce fut le cas avec un précédent président réélu avec 82% des voix au second tour de l’élection, il semble difficile à certaines droites – UMP, UDI et consorts – de se serrer les coudes face à ce qui est, disons-le clairement, une menace. On pourrait y voir une volonté de draguer les électeurs du FN tout en maintenant une allure honorable – l’emploi tautologique de « Laissons les électeurs choisir », expression plus creuse encore les cavités béantes apparues en Sibérie – montrant ainsi à quel point la déviation idéologique a eu lieu dans cette formation et l’a souillée. L’excuse consistant à ne pas « pouvoir » appeler à voter pour le PS car il serait allié au FdG, supposément extrémiste, alors que les faits sont têtus et prouvent le contraire à plusieurs reprises… Grossière erreur, mais permettant d’excuser de potentielles alliance entre droite et extrême droite (jusqu’ici encore assez conspuées, nous sommes chanceux) en reprenant le credo du « vous le faites, alors nous aussi. »

 

Puéril.

 

En fin de compte, c’est ça, qui caractérise l’attitude de l’UMP. Un parti immature, dirigés par des enfants gâtés bouffis d’orgueil. Cela en dit long sur la déliquescence de nos élites…