Indé-science publique

La science, nous le savons un peu, hélas, depuis la fin de l’excellente émission « C’est pas sorcier » ne fait pas bon ménage avec la télévision. Trop compliquée, pas assez glamour, trop froide, pas assez passionnelle, les raisons d’occulter la source de savoir la plus exacte (ceci est un comparatif, nullement un superlatif) du petit écran sont légion. Le seul moment où nous autres, scientifiques, avons la joie et l’indicible honneur de voir notre terrain de jeu mis en avant est lorsque qu’un célèbre couple de jumeaux au physique altéré prend d’assaut l’antenne. Cela résulte dans d’abondantes dépressions et crises d’angoisses.

 

Francis Bacon (1561-1626) was an English philosopher who defended the Scientific Revolution. In his most important work, Novum Organum, he proposed a rational method for scientific inquiry, one based on observation and experimentation. Colored Version of

Francis Bacon (1561-1626) était un philosophe britannique qui défendait l’idée de Révolution Scientifique. Dans osn grand-oeuvre, Novum Organum, il proposa une méthode rationnelle pour l’investigation scientifique, basée sur l’observation et l’expérimentation. (source: GettyImages)

 

Samedi 19 mars 2016, il y a donc fort longtemps, dans son émission à buzz « On n’est pas Couché », Laurent Ruquier recevait les tristement célèbres frères Bogdanoff (ou Bogdanov, marque déposée depuis, me semble-t-il 1991) qui étaient venus parler de leur prochain spectacle sur scène. Jusqu’ici, m’expliquera-t-on, rien de bien transcendant, toute émission actuelle parle d’actualité, vendant un peu plus du temps de cerveau humain.

 

Un spectacle affligeant

Déjà, un mauvais départ aurait dû mettre la puce à l’oreille de tout spectateur aux aguets, car Ruquier présenta pour commencer le dernier livre des jumeaux « sinon l’éditeur Albin Michel ne va pas être très très content » (source : https://www.youtube.com/watch?v=p6Y7on7aBP4 ). Ce n’est qu’ensuite que l’ouvrage servant de socle à leur spectacle (3 minutes pour comprendre le Big Bang) ne fut présenté.

Après une introduction aussi ridicule et boursoufflée que les visages des invités, nous eûmes l’extrême honneur de voir d’autres invités se prêter au jeu et faire leur publicité, avant que de les laisser chanter dans une mise en scène qui aurait fait hurler Artaud et Jouvet. Ne les blâmons pas, il s’agit là de la magie de la télévision, dans laquelle l’immédiateté est tue et où tout est préparé à l’avance. Si les longs palabres des deux frères sur la découverte du Big Bang sont globalement corrects – l’on ne peut leur enlever leur impressionnante faconde – la mise en scène, pachydermique, étouffe l’intérêt du message que l’on aurait pu espérer obtenir.

Ainsi les frères invités feignent la surprise, clamant qu’ils n’imaginaient pas avoir à jouer, avant que « le magicien » ne change de t-shirt pour faire apparaître l’affiche du spectacle ainsi présenté. Seul Yann Moix, pour une fois juste, lancera un faible « on sent que c’est totalement improvisé » ironique mais maladivement timide.

Couplé aux sentiments d’Albin Michel présentés plus tôt, l’on sent l’énorme coup marketing, faisant plonger la science – le Big Bang, en l’occurrence – dans une bouffonnerie crasse. L’on n’ira pas au spectacle pour apprendre, mais pour rire, l’on n’ira pas s’enrichir de connaissances scientifiques mais l’on se rendra au Freak Show cher à Tod Browning. Malgré les invités, l’on espérait un début de science, mais rien n’y est. Les interminables digressions des Bogdanov n’y font rien, on restera, comme toujours, à la surface des choses, qu’un article Wikipédia aurait tout aussi bien expliqué. Bref, Ruquier nous a menti en prétendant parler de science, le tout n’est qu’une opération marketing destinée à vendre des billets pour le remake français de Scary Movie, sur scène, avec deux acteurs parlant anglais comme Daffy Duck. Moins de panem mais plus de circensem.

Les questions suivantes des deux  chroniqueurs ne sont là que pour prolonger cet étalage d’éloges pour nos deux présentateurs (trop connus). Nous sommes ainsi ravis d’apprendre que les deux frères sont à l’origine de nombreuses vocations scientifiques, Newton, Darwin, Curie, Franklin ou plus récemment Dawkins et Hawking n’ont qu’à aller se rhabiller fissa. Le reste n’est rien de plus qu’une répétition de Wik… de l’historique de la découverte, déjà présentée dans leur livre « 3 minutes… »

 

 

Dieu et la science: travestissement d’Einstein

Vient enfin la question la plus dérangeante, la plus inepte et la plus dangereuse, selon ce qu’un petit scientifique sceptique peut juger. Ruquier, tel un juge, s’échauffe : « On sait que la science et la religion se sont toujours opposées, ma dernière question, ce sera celle, traditionnelle, que l’on a souvent attribuée à Jacques Chancel, à tort, parait-il : ‘Et Dieu, dans tout ça ?’ alors. »

Marotte habituelle des médias et de l’establishment, Dieu est-il soluble dans la science, ou comment tenter de réconcilier la religion avec la science, comme tente de la faire, si bien, l’UIP (Université Interdisciplinaire de Paris) résultant en une fausse scientificité mais un vrai message créationniste. Et là, s’enchaînent les inexactitudes les plus totales de la part des deux frères, mais aussi des chroniqueur-se-s, citant Albert Einstein à tout-va, sans vraiment comprendre, ni connaître, la pensée du physicien.

« Dieu ne joue pas aux dés, » aurait déclaré Einstein à Niels Bohr, n’aimant pas l’interprétation de Copenhague, considérant que les équations de mécanique quantique étaient déterministes même si elles semblaient être probabilistes. L’énonciation du mot dans la bouche du plus célèbre des physiciens semble ainsi, pour beaucoup, être la preuve de : 1) la croyance infaillible qu’Albert Einstein avait en Dieu et 2) la preuve, par extension, que Dieu existe, si une personne aussi intelligente que lui est croyante.

Tout d’abord, éliminons l’argument #2. La croyance d’une personne, renommée, compétente dans son domaine, ne valide en rien l’existence ou l’inexistence d’un phénomène. Comme le répète à l’envi l’excellent Richard Dawkins « look at the evidence ». Un contre-exemple parlant serait par exemple la découverte des quasi-cristaux. Linus Pauling, éminent chimiste, Prix Nobel de Chimie en 1954, ne croyait nullement à la découverte de Dan Schechtman (Prix Nobel de Chimie 2011), et aurait déclaré devant un parterre de scientifiques : « Danny Shechtman is talking nonsense, there are no quasi-crystals, just quasi-scientists. » (« Danny Schechtman dit des idioties, il n’y a pas de quasi-crystaux, seulement des quasi-scientifiques. »[1]) L’exemplarité et l’éminence de scientifiques n’empêche nullement l’erreur.

Revenons au premier point.

Les Bogdanov, dans cette émission, comme pour justifier la croyance de tonton Albert (permettons-nous cette familiarité), crurent bon d’employer l’exemple de la lettre envoyée à la jeune Phyllis en 1936.[2] Nous passerons les erreurs factuelles concernant l’anecdote (la lettre d’Einstein date du 24 janvier 1936, non pas du mois de mai ; Einstein reçut la lettre de l’écolière, et ne la rencontra pas dans la rue ; il s’agit d’une jeune fille, non d’une jeune enfant ; Einstein travaillait à Princeton depuis 1933 ; Einstein mit seulement 5 jours à répondre, et non 15) pour nous intéresser au fond de l’affaire. Phyllis Wright, le 19 janvier 1936, décida de prendre sa plume et d’écrire au physicien pour poser la question suivante : « Les scientifiques prient-ils, et pour quoi prient-ils ? »[i] La question est déjà absolument différente de celle que présentent les Bogdanov qui serait « Maître, est-ce que vous croyez en Dieu ? » La réponse donnée par Einstein est, là encore, beaucoup plus souple et ambigüe que celle présentée par les deux frères. En effet, il répond premièrement que « les scientifiques croient que toute occurrence, y compris dans les affaires humaines, sont régies par les lois de la Nature, » avant d’affirmer qu’un scientifique ne peut croire dans le pouvoir de la prière ou de quelque manifestation surnaturelle. La critique qu’il introduit ensuite est la preuve de l’humilité avec laquelle tout scientifique, depuis Francis Bacon, se doit d’être face à la découverte : la science n’explique pas tout. Einstein explique donc que les zones d’ombre, les causes que nous ignorons sont encore, pour les humains, soumises au contrôle du surnaturel, et ce malgré les avancées de la science. Enfin, le dernier paragraphe de la lettre du physicien mérite une attention toute particulière.

Ce dernier semble être celui sur lesquels les Bogdanov, ayant judicieusement omis de citer l’intégralité de la lettre, se reposent. « Tous ceux qui sont sérieusement impliqués par la science finiront par comprendre un jour qu’un esprit se manifeste dans les lois de l’univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’Homme », nous disent-ils. En lisant la lettre du père de la relativité, l’on s’aperçoit que cette traduction est un tantinet erratique, car elle omet la seconde partie de la réponse : « De cette manière, la poursuite de la science mène à un sentiment religieux particulier, qui est en vérité différent de la religiosité de quelqu’un de plus naïf. » Tout en mettant de côté la religion (qu’il qualifie de naïve), Einstein présente le sens de l’émerveillement que ressent un-e scientifique face au monde. Présenter cette réponse comme une défense de la religiosité est au mieux une preuve d’incompréhension, au pire une volonté mensongère et trompeuse.

En effet, trois ans plus tard, une lettre d’Einstein à W. Plaut, rabbin de Chicago, détaillera cette idée plus en profondeur : « Le sentiment religieux engendré par l’expérience de la compréhension logique de profondes interrelations est quelque chose de différent du sentiment que l’on appelle généralement religieux. C’est plus un sentiment d’admiration pour l’ordre qui se manifeste dans l’univers matériel. »[3]

Ce qu’Einstein qualifiait de religieux correspondait à une vision inspirée de Spinoza, qui repose sur la croyance en la rationalité du monde. Dans une de ses lettres à Maurice Solovine, Einstein écrivit très justement : « Je peux comprendre votre aversion pour le mot “religieux” pour décrire l’attitude émotionnelle et psychologique qui se révèle le plus clairement chez Spinoza. Je n’ai pas trouvé de meilleur mot que “religieux” pour la foi dans la nature rationnelle de la réalité qui est, au moins partiellement accessible à la raison humaine. »[4] Cette vision de la religion « à la Spinoza » a d’ailleurs été présentée par le physicien lui-même en décrivant son panthéisme selon : « Ma compréhension de Dieu provient de la profonde conviction d’une intelligence supérieure qui se révèle elle-même dans le monde connaissable. En termes communs, on peut la décrire comme «panthéiste» (Spinoza). »[5] A noter, pour les deux invités de l’émission, que Spinoza rejetait l’existence d’une entité surnaturelle.[6]

Enfin, pour clore ce petit écart, je ne peux m’empêcher de citer, une fois encore, une lettre du grand savant lui-même, qui décrivait Dieu comme il suit : « Le mot Dieu n’est pour moi rien d’autre que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes honorables mais profondément primitives. Aucune interprétation (selon moi), aussi subtile soit-elle, ne peut changer cela. »[7]

Einstein, contrairement aux dires des frères aux mentons hypertrophiés, n’était donc nullement croyant. La religion n’a pas sa place en science.

 

Sophismes et principe anthropique

Quand enfin nous crûmes pouvoir arriver à la fin de cet odieux supplice, Léa Salamé crut bon de demander à ses invités s’ils étaient croyants. Poursuivant leur logique, ces deux phénomènes répondirent, évidemment, par l’affirmative, abusant de fausses évidences.

« On ne peut pas aujourd’hui, en observant l’univers, son histoire depuis le Big Bang jusqu’à aujourd’hui, on ne peut pas laisser la place au chaos et au hasard » repris en écho par l’autre frère « L’observation de l’univers primordial nous montre que l’univers n’est pas né par hasard. »

L’on a ici le raisonnement habituel des frères Bogdanov, reposant sur l’idée de finalité et d’ajustement fin (le fameux « fine-tuning »). Il s’agit en réalité d’un raisonnement panglossien dans toute son excellence. Quiconque se souvient de l’inénarrable Candide de Voltaire se remémorera le maître à penser du héros éponyme, Pangloss. Selon ce dernier, « les chosest ne pouvaient être autrement » Il s’agit d’un raisonnement à rebours, ne prenant en compte qu’une cause unique parmi toutes celles possibles, et remontant à un scénario que l’on souhaite prouver.[8] Pangloss annonce ainsi : « Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. »

A cela s’ajoute le principe d’ajustement fin de l’univers, principe selon lequel le chaos n’a pas sa place et que les constantes physiques sont trop précises pour n’être que le fruit du hasard. Cet ‘argument’ est familier aux Bogdanov qui l’emploient à tire-larigot, notamment dans leur livre Dieu, La Science et le Big Bang. Au même titre que le gagnant du Loto croit qu’il doit ses gains à la Chance, notre présence serait due à une volonté initiale. Là où l’on reprendrait et gronderait le gagnant du Loto en lui expliquant les probabilités, l’on se tait habituellement face à cet argument, très certainement dû à son ancestralité (la religion explique le ‘pourquoi’ du monde). Cette lecture téléologique est alors implantée, car elle rassure, elle donne une raison et un but : nous ne sommes pas le fruit du hasard. Il s’agit d’une légitimation du principe anthropique fort, qui stipule que l’univers est créé pour que nous, observateurs, y apparaissions.[9]

Chose amusante, cette lecture est applicable à tout autre univers, fût-il différent. Et l’on comprend ainsi mieux la confusion que l’on fait entre probabilité et déterminisme. De manière intéressante, tout être vivant peut ainsi se placer en finalité de ce dessein intelligent qui a créé l’univers. En appliquant cette réflexion, par itération, l’on s’aperçoit que l’on obtient un univers finalement dépourvu de dessein.

Le danger de cette réflexion panglossienne est qu’il interdit toute discussion, toute critique d’un état actuel : les choses sont telles parce qu’elles devaient l’être, imposées par une main extérieure, une volonté transcendante. Qui s’opposera à la volonté divine ? Fin de la discussion, argument imparable.

A noter, rien, absolument, dans l’observation de l’univers ne permet de conclure quant à une volonté initiale. Pour reprendre les propos d’Einstein dans sa lettre à Phyllis, « we must concede that our actual knowledge of these forces is imperfect, so that in the end the belief in the existence of a final, ultimate spirit rests on a kind of faith. »

Naïfs, les Bogdanov ?

 

 

Si l’on peut apprécier les émissions de variété, l’on est en droit d’attendre du service public un minimum de sérieux quant à la présentation de la science. Que l’on invite les frères Bogdanov est certainement légitime, dans une logique commerciale. En revanche, la science mérite plus d’exactitude et de précision que ces personnages peuvent démontrer. Manque-t-on vraiment à ce point de physicien-ne-s pour inviter systématiquement des personnes non reconnues par leurs pairs ? France Télévision a du pain sur la planche.

 

 

 

[1] Dan Shechtman: ‘Linus Pauling said I was talking nonsense’, Alok Jha, 6 janvier 2013, The Guardian (https://www.theguardian.com/science/2013/jan/06/dan-shechtman-nobel-prize-chemistry-interview )

[2] Les lettres sont lisibles dans la compilation Letters of Note de Shaun Usher (différents éditeurs), ou bien dans Dear Professor Einstein: Albert Einstein’s Letters to and from Children, de Alice Calaprice, Prometheus Books; 1 edition (September 1, 2002)

[3] Albert Einstein, The Human Side: Glimpses from His Archives, Albert Einstein, édité par Helen Dukas et Banesh Hoffmann, Princeton University Press, 2013

[4] Letters to Solovine, 1906-1955, Albert Einstein, précédé d’une introduction de Maurice Solovine, Ed. Citadel, 1993

[5] Ideas and Opinions, Albert Einstein, Wings Books, New York, 1954

[6] Une excellente lecture est aussi : Einstein and religion, Max Jammer, Princeton University Press, 2002

[7] « Das Wort Gott ist für mich nichts als Ausdruck und Produkt menschlicher Schwächen, die Bibel eine Sammlung ehrwürdiger, aber doch reichlich primitiver Legenden. Keine noch so feinsinnige Auslegung kann (für mich) etwas daran ändern. » Lettre à Eric Gutkind, 1954

[8] Pour une didactique de l’esprit critique, Richard Monvoisin, 2007, p255, 4.3.5.10

[9] « The universe (and hence the fundamental parameters on which it depends) must be such as to admit the creation of observers within it at some stage. To paraphrase Descartes, cogito ergo mundus talis est. », Brandon Carter, Large number coincidences and the anthropic principle in cosmology, In: Confrontation of cosmological theories with observational data; Proceedings of the Symposium, Krakow, Poland, September 10-12, 1973. (A75-21826 08-90) Dordrecht, D. Reidel Publishing Co., 1974, p. 291-298.

[i] The Riverside Church

 

January 19, 1936

 

My dear Dr. Einstein,

 

We have brought up the question: Do scientists pray? in our Sunday school class. It began by asking whether we could believe in both science and religion. We are writing to scientists and other important men, to try and have our own question answered.

 

We will feel greatly honored if you will answer our question: Do scientists pray, and what do they pray for?

 

We are in the sixth grade, Miss Ellis’s class.

 

Respectfully yours,

 

Phyllis

 

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January 24, 1936

 

Dear Phyllis,

 

I will attempt to reply to your question as simply as I can. Here is my answer:

 

Scientists believe that every occurrence, including the affairs of human beings, is due to the laws of nature. Therefore a scientist cannot be inclined to believe that the course of events can be influenced by prayer, that is, by a supernaturally manifested wish.

 

However, we must concede that our actual knowledge of these forces is imperfect, so that in the end the belief in the existence of a final, ultimate spirit rests on a kind of faith. Such belief remains widespread even with the current achievements in science.

 

But also, everyone who is seriously involved in the pursuit of science becomes convinced that some spirit is manifest in the laws of the universe, one that is vastly superior to that of man. In this way the pursuit of science leads to a religious feeling of a special sort, which is surely quite different from the religiosity of someone more naive.

 

With cordial greetings,

 

your A. Einstein